Christian Burgess, footballeur professionnel végétalien
Quelques jours après une victoire de l’Union, nous rencontrons Christian Burgess à Lucifer Lives à Bruxelles, l’un de ses endroits préférés. Au lieu de partir en vacances, cette fois-ci, il a opté pour un séjour en Belgique. Le championnat étant à l’arrêt, il a le temps de parler d’autre chose que de football : son mode de vie végétalien. Comment Burgess est-il venu à ce mode de vie ? Rencontre-t-il des difficultés en mangeant végétalien en tant que sportif de haut niveau ?
« On a créé une sorte de mythe selon lequel il faut constamment faire deux fois le plein de protéines. »
Faisons connaissance de Christian
Club : Union Saint-Gilloise
Végane depuis : 2017
Point de basculement : après avoir regardé Cowspiracy
Coup de cœur de la cuisine : tacos mexicains aux pleurotes sautés
Toujours au réfrigérateur : tofu
Hotspot végétalien : Spritz à Anvers
« Je voulais simplement essayer – tant que cela n’interférait pas avec mes performances. »
Il y a 8 ans, Christian est devenu végétalien après avoir regardé le documentaire Cowspiracy. C’étaient deux coéquipiers végétaliens en Angleterre qui lui en avaient parlé. Le récit de l’impact de l’agro-industrie sur le climat et le monde l’a profondément impressionné.
Soutenu par ses deux coéquipiers végétaliens et le chef cuisinier du club qui s’occupait déjà du petit-déjeuner et du déjeuner, Christian se concentrait surtout sur le dîner et les en-cas, ce qui a rendu le changement réalisable. « Et quand on croit vraiment en quelque chose, on se préoccupe moins de ce que l’on manque », dit-il à ce sujet.
La seule condition ? Que cela n’entrave pas ses performances de footballeur, ce qui, heureusement, n’a posé aucun problème.
De la durabilité aux droits des animaux
Ce qui l’a convaincu initialement, c’est l’impact environnemental de l’élevage et l’aspect sanitaire. Plus tard, il a également pris conscience de la souffrance animale. « Au début, je me sentais moins concerné parce que manger de la viande me semblait normal. Cependant, quand on voit les animaux comme des individus, on ne peut plus l’ignorer. »
Bien qu’il constate la disparition de certains hotspots de véganisme, il garde l’espoir. « Il y a quinze ans, il n’y avait pratiquement pas d’options et maintenant, il y en a partout. La jeunesse pense vraiment différemment et cela donne de l’espoir. »
Le véganisme mieux implanté en Angleterre
Depuis qu’il s’est installé en Belgique, il a remarqué une différence : en Angleterre, les gens sont plus ouverts tandis qu’ici, on lui demande plus souvent, avec certain scepticisme, s’il est vraiment possible d’être végétalien en tant qu’athlète de haut niveau. Néanmoins, il reste positif et est heureux de partager ses expériences avec des coéquipiers intéressés.
D’après Christian, l’idée que les athlètes doivent consommer constamment des protéines est largement exagérée. « L’industrie de la viande et les fabricants de compléments protéiques ont créé une sorte de mythe selon lequel il faut constamment faire deux fois le plein de protéines. Or, on peut parfaitement fonctionner en consommant moins et par ailleurs, les sources végétales ne manquent pas. »
Cependant, il conseille de prendre des compléments alimentaires tels que les vitamines B12 et D aux athlètes qui souhaitent changer leur régime. Il fait tester son sang régulièrement donc, il sait que tout va bien. Lui, il utilise certains compléments végétaliens et veille à ce que son assiette soit suffisamment variée.
« Notre mode de vie est parfois tellement chargé qu’il n’est pas toujours possible de planifier ou de cuisiner de manière exhaustive », explique-t-il. « C’est pourquoi les compléments alimentaires sont parfois un complément utile. »
Passionné de cuisine qui adore les tacos
C’est clair que Christian est passionné de cuisine. Son restaurant préféré en Belgique ? Spritz, un restaurant italien à Anvers. Sa femme, d’origine italienne et pas végétalienne, est l’experte en pâtes à la maison. « Généralement, elle a l’habitude de critiquer les restaurants de cuisine italienne, mais elle ne tarit pas d’éloges sur Spritz. »
Et comment ça se fait, des repas pris en commun avec un partenaire non végétalien ? Selon Christian, ils ont progressivement trouvé leur équilibre. La cuisine à la maison est principalement végétalienne et lorsqu’elle mange quelque chose de différent, ils partagent les mêmes bases. « Par exemple, elle ajoute du fromage à ses pâtes ou mange un morceau de poisson tandis que moi, j’opte pour un substitut de viande. »
Son plat fétish ? Des tacos aux pleurotes sautés, un hachis de tofu et de noix, et toutes les garnitures classiques : guacamole, salsa et crème aigre végétalienne. « C’est toujours un succès, même auprès des amis non végétaliens », affirme-t-il.
Une approche douce est la plus efficace
Bien que ses amis belges ne soient pas végétaliens eux-mêmes, Christian constate qu’ils sont souvent ouverts à la cuisine végétale. Lorsqu’il va dîner chez eux, ils préparent souvent quelque chose de végétalien et en plus, ils aiment aussi goûter. Il reste modeste à sa propre influence même s’il dit qu’un bon ami – un photographe de nature – s’est intéressé de plus en plus ces derniers temps. Au club, il trouve également un lien : le médecin du club mange généralement végétalien.
Christian adopte délibérément une approche douce. Il estime qu’il ne faut pas convaincre les gens en leur imposant des choses mais si en leur montrant le bon exemple. « Quand on impose quelque chose aux gens, on atteint souvent l’effet contraire. » Lui-même, il préfère montrer qu’il est parfaitement possible de bien manger, de rester en bonne santé et d’être performant en même temps, même en tant que sportif de haut niveau.
Ce n’est qu’au moment des jours fériés qu’il ose, parfois, manifester son indignation, par exemple du foie gras. Toutefois, il essaie de détendre l’atmosphère. Lorsque le moment se présente, par exemple quand quelqu’un le commande au restaurant, il aime en parler plus.
Le premier mot qu’on voit sur sa bio Instagram est « vegan », tout dans l’espoir de planter une graine. De temps en temps, il partage des choses qui le touchent ou l’inspirent afin de faire réfléchir les autres. « En général, les réactions viennent des personnes qui sont déjà végétaliennes », remarque-t-il. « Il arrive parfois que les supporters d’une équipe rivale essaient d’en faire quelque chose de négatif mais cela en fait partie. »
Conseils de Christian pour les débutant.e.s
Assurez-vous d’avoir quelques plats auxquels vous pouvez revenir
« Lorsque j’ai commencé, j’ai acheté trois ou quatre livres de cuisine végétalienne et j’ai appris quelques recettes de base. L’un des plats que je préparais souvent, c’étaient des pâtes carbonara au tofu que j’ai trouvées dans un livre de Bosh. Quand vous avez quelques plats que vous aimez et que vous pouvez facilement préparer, la cuisine végétalienne se révèle automatiquement plus naturelle. »
Ingrédient de base dans le frigo : tofu
« Je mange plus que souvent du tofu brouillé, » dit-il en riant. « Ma femme se moque parfois de moi à ce sujet mais c’est tellement facile et délicieux. Traditionnellement, j’utilise la recette de Max La Manna sur Instagram. »
Il faut juste commencer quelque part
Christian est le premier à admettre qu’il ne faut pas devenir complètement végétalien du jour au lendemain. « Quand vous remplacez déjà deux ou trois dîners par semaine par une option végétale, ou remplacez la viande rouge par une alternative végétalienne par exemple, vous pouvez déjà faire une grande différence. Bien sûr, j’aimerais que tout le monde devienne végétalien, mais les petits changements valent aussi. Il faut juste commencer quelque part. »
Christian demeure modeste et pourtant, son histoire montre qu’il est tout à fait possible d’être végétalien en tant qu’athlète de haut niveau – et d’inspirer les autres d’une manière conviviale et réaliste.
Cette interview a été traduite par notre bénévole Birgit. Souhaitez-vous également nous aider avec des traductions ? Inscrivez-vous ici.
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